Vacances à la campagne : dans ce hameau du Périgord, les tensions montent entre néo-ruraux et agriculteurs

Ils sont venus chercher le calme, la nature et une qualité de vie plus douce. Mais dans un petit hameau du Périgord Noir, les nouveaux arrivants venus des villes ne s’attendaient pas à ce que le chant du coq ou l’odeur du fumier posent autant de problèmes.

Depuis quelques étés, la cohabitation entre néo-ruraux, vacanciers et agriculteurs devient de plus en plus difficile. Et le climat s’est tendu cet été autour de ce que chacun considère comme « son » mode de vie.

Un petit paradis rural devenu lieu de discorde

À quelques kilomètres de Sarlat, le hameau de Montignac-le-Bas ne compte qu’une centaine d’habitants. Entouré de champs, de forêts et de fermes familiales, c’est un lieu prisé pour ceux qui fuient la ville, surtout pendant les vacances d’été.

Mais les nouveaux résidents, souvent venus de Bordeaux, Toulouse ou Paris, découvrent vite que la campagne ne se vit pas comme une carte postale.

“Le voisin s’est plaint du bruit de mes vaches à 6h du matin. J’ai cru à une blague. Ici, c’est la vie agricole qui rythme les journées depuis des générations,” raconte Pascal, éleveur depuis 1988.

Deux visions du “bon vivre”

La tension ne vient pas seulement des nuisances sonores ou olfactives. Elle touche aussi la conception même de la ruralité.

Les néo-ruraux, souvent fraîchement installés, attendent :

  • Du calme, en particulier pendant les périodes de vacances
  • Des paysages préservés, sans “pollution visuelle” (serres, engins agricoles, clôtures)
  • Des services disponibles (internet rapide, commerces, médecins)
  • Des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement

De leur côté, les agriculteurs défendent :

  • Le droit à exercer leur métier comme ils l’ont toujours fait
  • L’usage de machines, de produits agricoles ou d’animaux en toute saison
  • La reconnaissance de leur rôle dans l’entretien des paysages
  • Un respect de leur rythme de travail, souvent aux antipodes de celui des vacanciers

“On veut bien discuter, mais ce n’est pas aux nouveaux venus d’imposer leurs règles. Ce n’est pas un parc de loisirs ici,” insiste Marie, productrice de fraises.

Des conflits qui se multiplient

Depuis deux étés, la mairie a dû intervenir à plusieurs reprises pour calmer les esprits :

  • Disputes entre voisins au sujet des horaires de tracteurs
  • Reproches sur les odeurs de lisier durant les périodes d’épandage
  • Animaux domestiques des vacanciers effrayant les troupeaux
  • Pétitions pour limiter certaines activités agricoles près des locations saisonnières

Un arrêté municipal a même été publié pour rappeler les “bruits et odeurs inhérents à la vie rurale”, dans la lignée de ce qu’avait fait la commune de Gajac en Gironde avec le “statut du coq”.

Le cas de Montignac-le-Bas, loin d’être isolé

Partout en France, ces situations se multiplient. Voici un tableau comparatif de quelques communes concernées par des tensions similaires :

CommuneDépartementConflit principalRéaction locale
Montignac-le-BasDordogneNuisances agricoles, cohabitationArrêté municipal et médiation
Saint-Pierre-d’OléronCharente-MaritimeOdeur de fumier près des campingsRéunion publique entre parties
La FlocellièreVendéeChiens de vacanciers effrayant les bêtesCampagne de sensibilisation
VenceAlpes-MaritimesReproches liés à la taille des haiesCharte de bon voisinage mise en place

Le décalage entre attentes citadines et réalité du monde rural ne cesse de grandir, et met à l’épreuve l’équilibre fragile de ces territoires.

Vers une charte de bon sens rural ?

Certaines associations et collectivités proposent désormais la mise en place de « chartes du vivre-ensemble rural », affichées en mairie, dans les gîtes ou les offices de tourisme. Elles rappellent que :

  • La campagne est un espace de travail autant que de détente
  • Les bruits et odeurs sont naturels et protégés par la loi
  • Le dialogue et le respect mutuel sont indispensables
  • Chacun est invité à s’adapter au rythme du lieu

“Ce n’est pas une question de campagnards contre citadins. C’est une question de respect et d’humilité face à un mode de vie qu’on ne connaît pas toujours,” conclut le maire de Montignac-le-Bas.

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