“On voulait juste un village calme” : ce couple découvre l’envers du décor en s’installant en Dordogne

Ils pensaient fuir le bruit, la foule et le stress de la ville. En quittant Lyon pour un petit village du Périgord, Sophie et Marc espéraient trouver une vie plus simple, plus humaine. Mais une fois installés, la réalité s’est révélée bien différente.

Ce qu’ils ont vécu, de nombreux néo-ruraux l’expérimentent aussi. Car derrière la carte postale de la campagne, certaines tensions sont bien réelles.

Un choix de vie assumé… mais un accueil mitigé

En 2022, Sophie, 38 ans, et Marc, 41 ans, ont fait le grand saut. “On en avait assez de la ville. Trop de monde, trop de bruit, plus de lien entre les gens. On voulait respirer.”

Le couple s’installe dans un village de 350 habitants, à une vingtaine de kilomètres de Sarlat. Leur maison en pierre, rénovée avec soin, leur semble être un havre de paix.

Mais très vite, ils sentent qu’ils ne sont pas vraiment les bienvenus.
“Certains anciens nous regardaient comme si on était des intrus. Un voisin nous a dit en rigolant : ‘Ici, on aime pas trop les Parisiens, alors les Lyonnais…’”

Les sourires sont là, mais la distance aussi.
Et surtout, dès l’arrivée des beaux jours, leur vision du “calme” s’effondre.

Une saison estivale qui change tout

Chaque été, la Dordogne attire des milliers de touristes venus de toute l’Europe. Et dans leur petit village, la transformation est brutale.

“Le silence du printemps laisse place à des files de voitures, des groupes de randonneurs dans les chemins, des terrasses bondées. On ne reconnaît plus le lieu qu’on a choisi pour sa tranquillité.”

Sophie confie qu’ils ont même du mal à se garer devant chez eux entre juin et août. Et la maison d’en face, vide une bonne partie de l’année, est devenue un Airbnb très prisé.

“On n’avait pas imaginé que le village serait aussi dépendant du tourisme.”

Un constat qui les a surpris : la population double l’été, les commerces changent de visage, et les résidents permanents s’effacent.

Le choc des modes de vie

Mais au-delà de l’afflux de visiteurs, c’est la difficulté à s’intégrer localement qui les touche le plus.

“On pensait qu’en étant discrets, en participant aux événements du village, tout irait bien. Mais on reste les ‘nouveaux’.”
Marc ajoute : “Certains nous reprochent d’avoir fait monter les prix. D’autres ne comprennent pas notre mode de vie.”

Ils travaillent tous deux à distance, dans des secteurs numériques. Une réalité encore peu répandue dans la région, où les habitants vivent souvent de l’artisanat, du tourisme ou de l’agriculture.

Malgré tout, ils tiennent bon. “On ne regrette pas. Mais il faut dire la vérité : la campagne n’est pas vide, elle n’est pas toujours douce. Et surtout, elle a ses codes.”

Un phénomène de plus en plus courant

Leur histoire n’est pas isolée. Selon l’INSEE, plus de 37 000 ménages ont quitté les grandes villes pour des zones rurales en 2023, une hausse continue depuis la crise sanitaire.

Mais beaucoup découvrent après coup que ces territoires ne sont pas des pages blanches à remplir.

Principaux défis rencontrés par les néo-ruraux :

  • Intégration dans un tissu local parfois méfiant
  • Difficulté d’accès aux services médicaux ou scolaires
  • Tensions autour de l’immobilier et des locations courtes
  • Choc culturel et générationnel

“On reste… mais différemment”

Après deux ans, Sophie et Marc ont trouvé un équilibre plus réaliste.
Ils évitent les grands événements, participent aux réunions municipales, et privilégient les circuits courts.

“On ne cherche plus à changer quoi que ce soit. On s’adapte. Et au fond, on comprend la méfiance : on est nombreux à venir ici avec nos rêves. Eux, ils ont leur quotidien.”

Pour d’autres, en revanche, le retour en ville devient une option. Car la campagne ne convient pas à tous — surtout lorsqu’on ne s’y attend pas.

Et vous, seriez-vous prêt à quitter la ville… en sachant ce qui vous attend vraiment ?

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