Dans les Cévennes, l’arrivée de nouveaux habitants bouleverse l’équilibre local

Depuis la crise du Covid et l’essor du télétravail, les Cévennes sont devenues un refuge pour de nombreux Français en quête d’espace, de nature et de vie plus simple.
Mais derrière les paysages apaisants, un nouvel équilibre fragile est en train de se dessiner. Et tout le monde ne voit pas ces arrivées d’un bon œil.

“On pensait trouver un coin tranquille”

Venus de Paris, Lyon ou Montpellier, ils s’installent dans d’anciens mas, rénovent des maisons de village, et redonnent vie à certains hameaux oubliés.
Pour beaucoup, il s’agit d’un retour aux sources, ou d’un choix de rupture avec la vie urbaine.

“On a quitté notre 60 m² à Nîmes pour une petite maison en pierre avec un jardin et des châtaigniers. C’était un rêve”, raconte Anne, 41 ans, installée depuis 2022 dans la vallée française de la Mimente.

Mais très vite, certains découvrent que vivre à la campagne demande des ajustements. Isolement, rapports aux voisins, contraintes climatiques… tout n’est pas si simple.

Une pression immobilière inédite

Avec ces nouvelles arrivées, les prix de l’immobilier, historiquement très bas dans la région, ont connu une hausse parfois spectaculaire.
Certains villages voient désormais les maisons partir en quelques jours, voire à distance, chose impensable il y a encore cinq ans.

CommunePrix moyen au m² (2018)Prix moyen au m² (2024)
Saint-Jean-du-Gard1 200 €1 800 €
Génolhac950 €1 500 €
Vialas800 €1 300 €

Résultat : les jeunes locaux peinent à acheter ou louer, et certains anciens habitants, désireux de rester dans leur vallée, doivent renoncer.

“Nos enfants veulent rester, mais les loyers sont devenus trop chers. C’est dur à accepter”, confie Alain, retraité cévenol.

Une cohabitation pas toujours facile

Outre la question des prix, les différences culturelles et de modes de vie émergent.
Certains nouveaux venus tentent d’introduire des pratiques écoresponsables, des projets culturels, ou des formes alternatives de vivre ensemble… qui ne font pas toujours l’unanimité.

“Ils veulent changer les choses sans connaître la réalité du coin. Ils ne comprennent pas qu’ici, on vit avec la forêt, avec la météo, avec les saisons”, souligne un agriculteur local.

Les mairies, elles, tâtonnent : faut-il accueillir ces nouveaux habitants à bras ouverts ou tenter de réguler l’urbanisation pour préserver l’identité des lieux ?

Vers un nouveau visage des Cévennes ?

Le parc national des Cévennes, classé à l’UNESCO, attire aussi une population sensible aux questions environnementales.
Beaucoup s’investissent dans des projets collectifs : écolieux, fermes partagées, AMAP, rénovation patrimoniale…

Si les tensions existent, des ponts se construisent : festivals, marchés de producteurs, ateliers communs.
Mais une chose est sûre : la région change.

Et pour certains habitants, le risque est de perdre l’âme des Cévennes dans ce mouvement de renaissance.

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