Sous les pavés de Marseille, un secret de béton et d’acier dormait depuis des décennies. Entre ombre et lumière, l’ancienne voie rocheuse, oubliée de tous sauf des rats et des souvenirs, connaît un nouveau souffle. Voici comment, après soixante années d’abandon, un tunnel ressurgit du passé pour s’imposer comme un symbole de la transformation urbaine.
Une résurrection attendue
Ce long boyau, fermé au public depuis 1963, avait presque disparu de la mémoire collective. Des bruits couraient sur sa réouverture, attisant la curiosité des riverains. Mais rien ne semblait changer, jusqu’à ce jour où les ouvriers sont revenus, perçant la poussière et la rouille.
D’après Lucie Bertrand, habitante du quartier, « On parlait de cette histoire comme d’un mythe. Je n’y ai jamais cru, et aujourd’hui, le voir à nouveau accessible, c’est bouleversant. »
Du passage oublié à la fierté locale
Initialement conçu pour le transit des tramways et des piétons, le tunnel fut ensuite fermé, jugé inutile à une époque dominée par la voiture. Le pari de le faire revivre, c’est aussi celui de repenser la manière de se déplacer en ville.
Les solliciteurs du projet y voyaient plus qu’un simple couloir souterrain. Il s’agissait de redonner vie à une partie de l’histoire marseillaise et de fabriquer un nouvel espace partagé.
« Travailler ici, c’est toucher à la mémoire de la ville, et c’est aussi se projeter vers l’avenir », explique Ali Meziani, responsable du chantier de réhabilitation.
Le tunnel, entre passé et avenir
L’aménagement n’a pas été de tout repos. Fragilité des structures, végétation envahissante et présence d’espèces cavernicoles sont autant d’obstacles qui ont mobilisé architectes et naturalistes. Tout a été pensé pour concilier sécurité, patrimoine et biodiversité.
Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement d’un axe de passage, mais d’un lieu multifonctions :
- Piste cyclable protégée
- Espace pour expositions d’art urbain
- Points d’accueil temporaires pour événements culturels ou sociaux
De quoi faire du tunnel une nouvelle artère créative en plein cœur de Marseille.
Tableau comparatif : Ce lieu aujourd’hui et autrefois
Aspect | Avant (abandonné) | Aujourd’hui (réhabilité) |
---|---|---|
Accès | Interdit, fermé | Libre, sécurisé |
Utilisation | Aucun | Mobilité douce, culture |
Ambiance | Sombre, délabrée | Éclairée, animée |
Faune/flore | Espèces invasives | Gestion écologique |
Sécurité | Risques élevés | Surveillance, balisage |
Un impact sur la ville
La réouverture s’accompagne d’un regagnement de fierté locale. Lieu de passage, d’échanges et de créativité, ce tronçon souterrain s’est mué en laboratoire d’idées. Les associations investissent régulièrement l’espace, proposant, bon an mal an, performances, projections et débats.
Mounir Achour, président d’une association culturelle locale, témoigne : « Ce n’est plus un simple tunnel, c’est un catalyseur pour les initiatives du quartier. On l’a vu se remplir de jeunes, d’artistes, même de simples curieux. »
Un symbole marseillais
La trajectoire de cette infrastructure rappelle une valeur chère à Marseille : celle de la résilience. Ville de passage et de brassage, héritière d’une histoire mouvementée, elle aime transformer ses cicatrices en espaces vivants.
À l’heure où les cités cherchent à repenser leur mobilité, intégrer le patrimoine ancien, c’est aussi parier sur une ville plus humaine et plus audacieuse, où chaque recoin, même enfoui, peut devenir le théâtre d’un nouveau départ.
Ce tunnel, réveillé après six décennies de silence, n’est plus seulement un passage souterrain. Il est désormais une respiration, un souffle d’avenir, au centre même de la ville.