Ils ont quitté Lyon pour vivre dans une tiny house en Bretagne – “on ne reviendra jamais”

Ils avaient la tête pleine de bruit et les poches de tickets quand ils ont décidé de filer vers l’ouest. La promesse d’un matin léger et d’un quotidien plus sobre a pris le dessus sur l’agenda compressé. Ils ont troqué la clé d’un appartement contre la poignée d’une tiny, et la ligne D contre le souffle d’un vent salé. “On voulait de l’air et des limites claires”, résume Alice, encore étonnée d’avoir tenu bon.

Pourquoi partir

Le déclic est venu d’un loyer qui grimpait plus vite que leur paie, et d’un temps de trajet qui avalait leurs soirées sans pitié ni sens. “On rentrait tard, on dînait vite, on dormait mal”, dit Thomas, en tirant une bâche sur le bois qui sèche. Ils ont choisi l’éloignement non comme une fuite, mais comme un projet positif.

La Bretagne s’est imposée pour son rythme de vie et sa rugosité qui fait du bien. “Ici, la météo n’est jamais tiède, et c’est parfait pour trier l’essentiel de l’accessoire”, lâche-t-il en souriant. Ils avaient besoin d’une boussole nouvelle, et d’un toit qui demande de l’attention.

Le chantier de la tiny

La structure est montée sur une remorque homologuée, 6,6 m de long, ossature bois et isolation en laine de mouton. “On a appris à visser droit et à mesurer deux fois”, rit Alice, qui n’avait jamais touché une scie sauteuse avant ce projet.

À l’intérieur, chaque centimètre a un rôle et chaque objet un endroit. Le chauffage se fait au poêle à bois, l’eau chaude via un petit chauffe-eau gaz. Les toilettes sont sèches, la douche économe, et les panneaux solaires couvrent l’éclairage et l’essentiel des charges.

Budget et comparaison

Ils ont financé par épargne, quelques week-ends de missions et un prêt familial. “On a préféré une petite dette et une grande liberté”, disent-ils. Voici leur comparatif, après un an sur place, face à leur ancienne vie urbaine.

Aspect Grande ville Tiny en Bretagne
Loyer/Crédit 1 150 € mensuels 320 € (terrain + assurances)
Surface 55 m² 18 m²
Charges énergie 140 € 35 € (bois + gaz)
Temps de trajet 1 h 20 / jour 15 min / jour
Bruit Constant Variable (vent/mer)
Courses Supermarché AMAP + marché
Entretien Sous-traité Autonome
Bien-être perçu 6/10 9/10

“On a troqué des mètres carrés pour des heures, et c’est l’échange le plus rentable qu’on ait fait”, glisse Thomas, sans chercher la formule.

Le quotidien entre mer et bocage

Le matin, ils ouvrent sur un pré qui change de couleur avec le ciel. “On entend les mésanges et parfois la pluie qui parle”, dit Alice. Les habitudes sont simples: café dehors quand il fait doux, bois à rentrer avant la nuit.

Le travail se fait en télétravail trois jours par semaine, le reste en missions locales et petits chantiers. “La tiny n’est pas une bulle, c’est un tremplin vers les gens d’ici”, ajoute-t-elle. Ils ont découvert la force d’un voisin qui prête une remorque et d’un artisan qui explique sans jargon.

Regards des proches

Au début, la famille a levé un sourcil, craignant un caprice de trentenaires saturés. “On nous a dit: et l’hiver? et le froid? et les invitations?”, se souvient Alice. Puis ils sont venus, ont partagé un repas serré mais chaleureux, et les doutes ont baissé d’un ton.

“Ce n’est pas une vie de privation, c’est une vie de priorités”, martèle Thomas. Les amis de la ville viennent pour un week-end, repartent avec du pain au levain et une autre idée du confort.

Leurs règles pour tenir le cap

  • Désencombrer en continu et célébrer chaque objet utile
  • Planifier l’énergie comme un budget, jour par jour
  • Dire oui aux voisins, non aux achats impulsifs
  • Cultiver deux rituels quotidiens: marche et lecture

Les limites qu’ils acceptent

Il y a des jours de tempête où la tiny craque et respire comme un vieux bateau. L’espace demande de la discipline et des compromis calmes. “On se dispute vite, on se réconcilie vite, c’est le design qui impose”, plaisante Alice.

L’administration n’est pas toujours fluide: adresses, assurances, raccordements partiels. “Mais on préfère gérer ces noeuds que des problèmes abstraits de copropriété”, tranche Thomas, sans regret.

Ce qui a changé pour eux

Ils dépensent moins, dorment mieux, cuisinent plus simple. Leur impact s’est allégé, leurs liens se sont épaissis. “On n’achète plus des solutions, on les fabrique”, dit Alice, fière des étagères qui ne bougent pas.

Le temps libéré sert à lire, prendre la mer, aider un voisin, réparer un outil au lieu de le remplacer. Ils ont appris à accepter le manque comme un moteur de créativité.

“On ne cherche plus à tout avoir, on cherche à bien vivre”, conclut Thomas, le regard tourné vers un coin de ciel changeant. Et dans cette petite maison, ils sentent que la place la plus vaste est parfois celle qu’on se donne en soi.

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