Airbus et Safran finalisent l'acquisition de la société de pièces stratégiques en difficulté Aubert & Duval

Airbus et Safran ont finalisé l’acquisition du fournisseur de matériaux spécialisés Aubert & Duval, un an après avoir annoncé qu’ils cherchaient à reprendre l’entreprise déficitaire afin de renforcer la chaîne d’approvisionnement aéronautique.

Auparavant détenue par la société française de minéraux et de métaux Eramet, la filiale est spécialisée dans les pièces critiques stratégiques pour diverses industries de précision.

Eramet avait signalé le 27 avril que les conditions de la cession étaient remplies, et Airbus et Safran ont conjointement confirmé la finalisation.

« La finalisation de cette acquisition représente une étape cruciale vers la création d’un acteur européen de premier plan dans les pièces et matériaux critiques », a déclaré le directeur général d’Airbus, Guillaume Faury.

Il affirme que l’accord réduira les risques géopolitiques d’approvisionnement et souligne que les capacités de l’entreprise incluent non seulement les aciers et les superalliages mais aussi, plus récemment, l’expertise en titane.

Aubert & Duval est déficitaire depuis quelques années, après que l’entreprise a connu des problèmes logistiques en 2019 puis – avec 70% de son activité concentrée sur l’aéronautique – a été durement touchée par le début de la pandémie l’année suivante. Elle a également subi un incendie dans son usine de Pamiers en septembre 2021.

Sur l’ensemble de l’année 2022, la filiale a généré une perte d’EBITDA de 47 millions d’euros (52 millions de dollars) sur un chiffre d’affaires de 553 millions d’euros, qu’Eramet attribue à la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières.

Eramet avait annoncé l’an dernier que l’opération de cession d’Aubert & Duval porterait sur une valeur d’entreprise de 95 millions d’euros.

Airbus et Safran n’ont pas précisé les modalités de l’acquisition, mais le consortium de reprise comprend également Tikehau Capital comme partenaire financier.

Faury affirme qu’Airbus soutiendra pleinement Aubert & Duval alors qu’il entreprend un plan de transformation « ambitieux », tandis que le président du private equity de Tikehau Capital, Marwan Lahoud – ancien directeur de la stratégie d’Airbus – affirme qu’il « aidera au redressement de l’entreprise ».

Aubert & Duval emploie environ 3 700 personnes, principalement en France. Après l’acquisition, la société sera dirigée par Bruno Durand, qui a précédemment occupé plusieurs postes à responsabilité chez Safran, notamment des fonctions liées à la chaîne d’approvisionnement des moteurs.

Le directeur général de Safran, Olivier Andries, s’exprimant récemment lors du briefing du premier trimestre de la société, a déclaré : « Il y aura une quantité importante de capex et d’investissements à faire (dans Aubert & Duval) dans les années à venir. Nous parlons de nombres à trois chiffres pour les dépenses d’investissement.

Les trois partenaires du consortium financeront l’investissement à parts égales.

« De toute évidence, il va y avoir une consommation de trésorerie dans les années à venir car nous devons investir pour récupérer la performance », ajoute Andries.

Il affirme que l’acquisition assurera la « souveraineté européenne » des programmes stratégiques pour les moteurs civils et militaires, et « sécurisera » la chaîne d’approvisionnement pour les pièces cruciales.

« Je suis convaincu que la nouvelle équipe saura mener à bien le projet de transformation pour remettre sur les rails ce leader de l’industrie française », déclare-t-il.

Le gouvernement français conservera une action privilégiée dans Aubert & Duval pour protéger des intérêts stratégiques.

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