Des plages magnifiques, des prix imbattables, une gastronomie savoureuse et un climat idéal : ce pays d’Europe du Sud a tout pour séduire les touristes français.
Et pourtant, cet été, plusieurs voyageurs rapportent une ambiance plus froide qu’à l’accoutumée, marquée par une forme de rejet discret… mais bien réel.
“On sentait qu’on n’était pas les bienvenus. Les sourires étaient forcés, les remarques un peu acides. C’était surprenant”, raconte Hélène, 34 ans, de retour d’un séjour en Grèce.
La Grèce, toujours autant de charme… mais une patience qui s’effrite
Longtemps considérée comme une destination bon marché et accueillante, la Grèce reste en tête des choix estivaux des Français. Entre les îles des Cyclades, les plages du Péloponnèse et les villages blancs perchés, le dépaysement est garanti.
Mais cette année, les choses ont changé.
“Le serveur nous a demandé si on comptait rester longtemps avec un ton sec. Un commerçant a soupiré quand on est entrés. Ce n’était pas violent, mais c’était clair,” explique Julien, touriste parisien à Naxos.
Une saturation qui agace les locaux
Ce ressenti ne sort pas de nulle part. Les îles grecques sont prises d’assaut chaque été, et les infrastructures peinent à suivre.
Les conséquences sont visibles :
- Pénuries d’eau dans certains villages insulaires
- Réseaux de transport débordés, retards et annulations fréquentes
- Hausse des prix des loyers, même pour les locaux
- Épuisement du personnel touristique, enchaînant des saisons sans pause
“On adore accueillir les étrangers, mais on est à bout. Les touristes veulent tout, tout de suite, sans comprendre notre rythme,” confie Giorgos, hôtelier à Paros.
Certains habitants vont même jusqu’à éviter leurs propres plages ou quartiers en été, laissant place à une atmosphère tendue.
Une montée du “tourism fatigue” dans plusieurs régions
Ce phénomène, qu’on appelle désormais “tourism fatigue”, n’est pas propre à la Grèce.
Mais ici, il est amplifié par une saison très concentrée (de mai à septembre), une insularité logistique, et une dépendance économique vis-à-vis du tourisme.
Voici un tableau comparatif de trois zones très fréquentées :
| Destination grecque | Nombre de visiteurs annuels | Habitants permanents | Tensions locales observées | Réactions des habitants |
|---|---|---|---|---|
| Santorin | +2 millions | 15 500 | Saturation, hausse des loyers | Fermeture de zones naturelles |
| Mykonos | +1,4 million | 10 000 | Excès de bruit, tourisme de luxe | Campagnes anti-tourisme sauvage |
| Paros | +700 000 | 13 000 | Ressources en eau épuisées | Pétitions pour quotas touristiques |
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le ratio touristes/habitants est parfois supérieur à 100:1 en été.
Pourquoi les Français sont particulièrement visés ?
Selon plusieurs témoignages de professionnels du tourisme local, certains clichés persistent :
- Touristes exigeants, parfois perçus comme hautains
- Méconnaissance de la langue ou des usages
- Demandes inadaptées au contexte local (horaires, menus, volume sonore…)
Mais d’autres soulignent aussi que ce rejet discret vise désormais tous les étrangers, pas uniquement les Français.
“Ce n’est pas personnel. C’est une réaction de défense face à une invasion annuelle. On a besoin de respirer aussi,” résume Maria, employée de plage sur l’île de Sifnos.
Vers un tourisme plus responsable ?
Face à cette ambiance tendue, certains opérateurs et communes proposent de nouveaux modèles plus équilibrés :
- Mise en avant de régions moins connues (Épire, Grèce du Nord, îles mineures)
- Promotion du tourisme hors saison, dès avril ou en octobre
- Création de codes de conduite touristiques dans les hébergements
- Valorisation des rencontres locales, au-delà des lieux “Instagrammables”
“Le voyageur qui respecte les lieux et les gens sera toujours bien accueilli. Mais ceux qui consomment le pays comme un produit, on n’en veut plus,” explique Dimitris, guide indépendant à Naxos.
