Ce village côtier attire des milliers de Français… mais les habitants veulent maintenant fermer leurs portes

Chaque été, des milliers de vacanciers français cherchent à fuir la chaleur écrasante, l’agitation urbaine ou simplement la routine du quotidien. Et depuis quelques années, un petit village côtier de France est devenu leur échappatoire préféré.

Ses plages sauvages, son air marin vivifiant, ses maisons de pêcheurs et son ambiance authentique font rêver. Une carte postale vivante, à quelques heures de route seulement.

Mais derrière ce décor presque parfait, une colère sourde monte chez les habitants. Car si ce coin de paradis attire, il étouffe aussi.

L’envers du décor d’un paradis breton

Le village de Moguériec, en Bretagne, est de ces endroits que les guides touristiques qualifient de “pépite cachée”. Un port minuscule, une criée encore en activité, des falaises majestueuses… et une authenticité qui attire.

Attire un peu trop, même.

« On ne peut plus respirer l’été », confie Yann, un habitant depuis 43 ans. « Le port est saturé, les plages bondées, et on voit des voitures stationnées n’importe où. Ce n’est plus chez nous, c’est devenu une vitrine. »

Des résidences secondaires qui vident les rues l’hiver

Le problème ne se limite pas à la saison estivale. Les résidences secondaires explosent, les maisons s’arrachent à prix d’or. Résultat : les jeunes du village ne peuvent plus se loger, contraints de partir plus loin.

Et les rues, animées deux mois par an, deviennent silencieuses le reste du temps. “On vit dans un village fantôme dès septembre”, explique Marie, qui tient une petite épicerie locale. “Et pourtant, nos impôts, eux, ne baissent pas.”

Des panneaux de plus en plus explicites

Cette année, pour la première fois, certains habitants ont collé des affiches sur les murs du port et les panneaux d’entrée du village.

“Respectez notre silence”, “Ici, ce n’est pas un décor”, ou encore “Pas de selfie sur nos bateaux”.

Sur les réseaux sociaux, certains habitants demandent carrément aux touristes de “laisser Moguériec tranquille”. Une pétition circule, réclamant une limitation du nombre de visiteurs en haute saison, à l’image de ce que certaines îles grecques commencent à mettre en place.

Une ambiance qui se tend

Bien sûr, tout le monde ne partage pas ce point de vue dans le village. Certains restaurateurs ou loueurs saisonniers vivent du tourisme, et redoutent un boycott.

Mais même chez eux, un constat s’impose : ce petit coin de Bretagne n’était pas prêt à devenir une destination “tendance” sur Instagram.

Et pour beaucoup, la magie du lieu vient justement de sa tranquillité, de son rythme lent, de ses embruns et de ses silences. Un équilibre fragile, menacé par la notoriété.

Moguériec peut-il redevenir Moguériec ?

La vraie question aujourd’hui n’est pas “faut-il interdire les touristes ?” mais plutôt : “comment garder l’âme d’un lieu tout en l’ouvrant au monde ?”

Moguériec, ce nom doux au creux de la Bretagne, est peut-être le symbole d’un conflit plus large entre attrait touristique et identité locale.

Et si certains continuent de rêver d’y poser leur serviette l’été prochain, d’autres espèrent encore pouvoir y vivre simplement, toute l’année.