Depuis quelques années, ce pays d’Europe de l’Est séduit un nombre croissant de touristes français. Prix attractifs, paysages naturels superbes, accueil chaleureux : tous les ingrédients sont réunis.
Mais cet engouement fulgurant n’est pas sans conséquences. Dans plusieurs régions, les habitants commencent à alerter les autorités. Et certains vont jusqu’à réclamer des restrictions pour encadrer l’arrivée massive de visiteurs venus de l’Ouest.
Une destination qui coche toutes les cases
La Roumanie, longtemps restée à l’écart des grands circuits touristiques, connaît une ascension spectaculaire dans les classements de popularité.
Avec ses Carpates verdoyantes, ses villages traditionnels, son littoral sur la mer Noire, et surtout un coût de la vie bien inférieur à celui de la France, elle attire chaque année plus de visiteurs francophones.
“Pour 600 €, on a eu une semaine tout compris, vols, hôtel et excursions dans les montagnes. C’est imbattable, et beaucoup plus authentique que d’autres pays ultra touristiques”, témoigne Thomas, un trentenaire lyonnais.
De plus, la barrière linguistique est faible dans les grandes villes, où l’anglais et même le français sont parfois parlés, surtout chez les jeunes.
Une montée en tension dans certaines régions
Mais si les touristes tombent sous le charme, une partie de la population locale commence à tirer la sonnette d’alarme.
Notamment dans des zones autrefois peu fréquentées, comme :
- Le Maramureș, réputé pour ses villages en bois et ses traditions rurales
- La Transylvanie, rendue célèbre par le mythe de Dracula mais appréciée pour sa nature préservée
- La région de Sibiu, ancienne cité médiévale et haut lieu culturel
Les habitants y dénoncent :
- Une hausse des prix immobiliers liée aux achats d’étrangers ou aux locations de courte durée
- Le changement de mode de vie dans des villages auparavant très calmes
- Des infractions écologiques sur les sentiers de randonnée ou dans les forêts
- Une forme de tourisme “rapide” perçu comme irrespectueux
“En trois ans, notre village a changé. On voit des groupes débarquer pour prendre des photos, mais qui ne parlent à personne ni ne consomment localement”, confie Elena, habitante de la région de Brașov.
Vers une régulation locale du tourisme ?
Dans certaines communes, des mairies s’organisent pour poser des limites :
- Mise en place de taxes touristiques locales
- Création de zones protégées avec accès restreint
- Campagnes de sensibilisation en plusieurs langues
- Encadrement des locations saisonnières par des quotas
Ces mesures, encore peu fréquentes, sont pensées comme un moyen d’éviter les dérives observées dans certaines villes d’Europe de l’Ouest, comme Barcelone ou Lisbonne.
“On ne veut pas en arriver à un rejet brutal. Mais il faut prévenir avant de subir”, explique Andrei, conseiller municipal à Sibiu.
Pourquoi la Roumanie séduit autant les Français ?
Voici un tableau comparatif pour comprendre l’attrait croissant de cette destination :
| Critère | Roumanie | France (Sud-Est) | Portugal (Lisbonne) |
|---|---|---|---|
| Prix moyen d’un repas | 8 € | 18 € | 14 € |
| Nuit en hôtel 3★ (juillet) | 55 € | 120 € | 95 € |
| Location voiture 1 semaine | 140 € | 300 € | 250 € |
| Fréquentation touristique | En forte hausse (+60 %) | Saturée | Très forte en été |
| Accueil des locaux | Partagé selon régions | Variable selon zones | Tensions à Lisbonne |
Le décalage de prix reste l’un des principaux moteurs de cette migration estivale vers l’Est. Mais la qualité des paysages, la culture locale et l’authenticité jouent aussi un grand rôle.
Un juste milieu à trouver
La Roumanie peut-elle rester une destination abordable et accueillante, sans perdre son âme ? C’est le défi qui attend ses régions les plus visitées.
“Nous ne sommes pas contre les touristes. Mais nous voulons qu’ils découvrent notre culture, pas qu’ils la remplacent”, résume Mihai, artisan en Bucovine.
À mesure que le tourisme se mondialise, ce genre de tension pourrait se répéter dans d’autres coins d’Europe encore peu explorés… mais plus pour longtemps.
