Dans ce village ardéchois, les pancartes « touristes dehors » se multiplient

Au cœur de l’Ardèche, un petit village autrefois paisible connaît une tension inhabituelle cet été.
Depuis quelques semaines, des pancartes artisanales aux messages explicites fleurissent :

“Touristes dehors”, “Ici c’est chez nous, pas chez vous”, “Airbnb go home”.

Un malaise palpable s’est installé, révélant une fracture entre les habitants permanents et les nouveaux venus estivaux.

Un trop-plein difficile à digérer

Ce village de 300 âmes a longtemps vécu en retrait des circuits touristiques. Mais depuis la mise en valeur de ses sentiers de randonnée et la promotion de son architecture médiévale sur les réseaux sociaux, la fréquentation a explosé.

« On a l’impression que tout a changé en deux ans », témoigne Joël, agriculteur retraité.
« On ne reconnaît plus le calme des soirs d’été. Maintenant, c’est voitures qui défilent et terrasses pleines jusque tard. »

Une cohabitation devenue tendue

Certains habitants dénoncent le bruit, la pollution, et le mépris de certaines règles locales (barbecue en pleine sécheresse, baignade dans des zones protégées, dépôts d’ordures sauvages).

Mais ce qui cristallise les tensions, c’est le logement : plusieurs maisons autrefois louées à l’année ont été transformées en meublés de tourisme, excluant les jeunes et familles du secteur.

« Mon fils voulait s’installer ici après son apprentissage. Impossible. Tout est devenu trop cher ou réservé aux vacanciers. »

Une pancarte comme dernier recours

La première pancarte “Touristes dehors” est apparue sur une boîte aux lettres début juillet. Depuis, une dizaine d’autres ont été vues dans le village ou à ses entrées. Si certaines sont anonymes, d’autres assument leur ras-le-bol.

Les autorités locales tentent d’apaiser les tensions, mais reconnaissent une situation inédite.

Les touristes, pris au dépourvu

Beaucoup de vacanciers découvrent ces messages avec stupeur. Certains se disent mal à l’aise, d’autres comprennent.

« Je comprends leur colère. Mais c’est dommage d’en arriver là. Le village est magnifique, on aurait aimé s’y sentir les bienvenus », confie une touriste venue de Lyon.

Un village en quête d’équilibre

Aujourd’hui, la mairie réfléchit à encadrer les locations de courte durée, tout en appelant au respect des habitants.

“Ce que veulent les gens ici, ce n’est pas qu’il n’y ait plus de touristes, c’est qu’on revienne à une échelle humaine.”

Ce petit village ardéchois, à l’image de tant d’autres en France, illustre une fracture qui pourrait bien se généraliser dans les années à venir. La question est désormais posée : peut-on encore accueillir sans se perdre ?

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