Le directeur général de Dassault Aviation, Eric Trappier, se dit optimiste quant à la participation éventuelle d'autres pays au programme Future Combat Air System (FCAS) actuellement développé pour la France, l'Allemagne et l'Espagne.
Trappier a par le passé critiqué l'admission d'un plus grand nombre de pays dans le mix, craignant une dilution de la part de travail de Dassault, notamment sur les chasseurs habités de nouvelle génération (NGF) dont il est maître d'œuvre.
La récente nomination de la Belgique en tant qu'observateur au programme – une décision qui ouvre la voie à une adhésion à part entière – menaçait de bouleverser l'équilibre délicat au sein du FCAS. Trappier s'était farouchement opposé à cette décision en 2023 en raison de la sélection par Bruxelles du Lockheed Martin F-35 plutôt que d'une offre concurrente du Dassault Rafale.
Mais Trappier semble désormais détendu à l’idée que davantage de pays rejoignent le projet. « En ce qui me concerne, pourquoi pas ? » a-t-il déclaré en s'adressant à FlightGlobal au salon de l'aviation d'affaires EBACE à Genève, où Dassault expose.
La position d'observateur de la Belgique ne modifiera pas la répartition du travail dans la phase 1B en cours de conception du démonstrateur NGF, souligne Trappier, un processus qui implique déjà également Airbus Defence & Space, représentant l'Allemagne et l'Espagne.
« Cela ne va pas tout changer aujourd’hui. Il y a de la place pour la prochaine étape qui est un véritable programme de développement – dans ce cas, pourquoi pas ?
Les relations de Dassault avec Airbus Defence & Space avaient également montré des signes de tension, notamment à l'approche de la signature des contrats de la Phase 1B, toujours en raison d'inquiétudes concernant le partage du travail et la direction du projet.
Cependant, Trappier affirme que le travail avec son partenaire « se déroule bien » alors qu'ils s'efforcent d'achever la phase de définition en 2025.
Un futur contrat de phase 2 portant sur la fabrication d'un démonstrateur devrait être signé début 2026, ouvrant la voie à un premier vol avant la fin de la décennie.
Pendant ce temps, Dassault poursuit ses activités de conception qui pourraient à terme voir un avion de patrouille maritime (MPA) basé sur son avion d'affaires Falcon 10X développé pour la marine française en remplacement de la vieille flotte Atlantique 2 du service.
Dassault a été retenu par la DGA pour ces travaux, où il fait face à la concurrence d'Airbus et d'un modèle dérivé de l'A320neo. Les deux sociétés doivent soumettre leurs propositions cette année.
Trappier affirme que le projet « avance bien » et n’a pas été affecté par le retard de la mise en service du Falcon 10X, qui a été reportée à 2027.
Il espère néanmoins que le processus de sélection ne sera pas long. « Il est important pour nous d'obtenir une décision rapide du gouvernement français afin que nous puissions intégrer à ce stade les éventuelles modifications nécessaires à l'AMP. »
Les domaines d'intérêt sont le système électrique, afin de garantir une puissance suffisante pour le radar maritime et d'autres capteurs, ainsi que la capacité de transporter et de larguer des armements tels que des torpilles. Cependant, Trappier ne pense pas que l'aile composite du Falcon 10X aura besoin d'être renforcée pour permettre l'ajout de postes d'armes.
«C'est un gros travail», dit-il. « Mais notre avantage est que nous travaillons sur les AMP depuis 1956 – nous avons une bonne expérience. »