Les habitants ont placé une pancarte à l’entrée de leur village : “Pas de location courte durée ici”

Dans un petit village du sud-ouest de la France, les visiteurs de passage ont eu une surprise en arrivant cet été. Accrochée au panneau d’entrée du village, une pancarte artisanale affichait un message sans détour : “Pas de location courte durée ici”.

Un geste fort, symbole d’un ras-le-bol partagé par de nombreux habitants à travers le pays, face à l’essor des plateformes comme Airbnb ou Abritel… et à la transformation rapide de leurs villages en zones touristiques temporaires.

Un village rural sous pression

La scène se déroule à Castarnac, un village paisible de moins de 400 habitants dans le Lot. Depuis quelques années, les maisons en pierre séduisent de nouveaux propriétaires venus de grandes villes, attirés par le charme de la campagne et la rentabilité de la location saisonnière.

Mais pour les riverains, cette tendance a rapidement bouleversé l’équilibre du village. Des maisons vides toute l’année, des résidents absents, des groupes de vacanciers parfois bruyants… et une identité locale qui s’efface.

“On a vu notre voisin vendre à un couple qui ne vient que deux semaines par an. Le reste du temps, c’est des gens de passage. Ce n’est plus un village, c’est un hall de gare,” déplore Monique, habitante depuis 30 ans.

Un message simple… et assumé

La pancarte, peinte à la main sur une planche en bois, n’est pas un acte isolé. Elle reflète une décision collective : plusieurs habitants se sont réunis pour exprimer leur rejet de cette nouvelle tendance.

Le message est clair : pas de location courte durée, pas de va-et-vient permanent, pas de “village fantôme” en basse saison.

Ce n’est pas une interdiction officielle, mais un signal fort, adressé autant aux touristes qu’aux investisseurs extérieurs.

“On ne veut pas interdire les visiteurs, on veut préserver une vie réelle ici, pas devenir un décor,” explique Paul, agriculteur et conseiller municipal.

Les effets concrets des locations saisonnières

Dans les villages comme Castarnac, l’essor des plateformes de location a plusieurs conséquences visibles :

  • Les prix de l’immobilier ont grimpé, empêchant les jeunes locaux d’acheter
  • Le tissu social s’est effiloché, avec moins de vie associative et de voisins présents à l’année
  • Les commerces ferment en hiver, faute de clients réguliers
  • Des tensions apparaissent autour du bruit, du stationnement, ou de l’entretien des logements

Ces effets sont bien connus dans les grandes villes, mais ils touchent désormais des communes rurales, où la moindre maison “captée” par la location courte durée pèse lourd sur l’équilibre local.

D’autres villages prennent les devants

Le cas de Castarnac n’est pas isolé. Voici un tableau comparatif de communes françaises ayant déjà réagi à la prolifération des meublés touristiques :

Village / VilleDépartementPopulationMesure priseObjectif
CastarnacLot390Pancarte et mobilisation citoyennePréserver une vie locale à l’année
EygalièresBouches-du-Rhône1 800Limitation des meublés de tourismeFavoriser les résidents permanents
Saint-Martin-de-RéCharente-Maritime2 400Quotas de locations saisonnièresRéduire la pression immobilière
BiarritzPyrénées-Atlantiques25 000Taxe de séjour renforcée + plafondsFinancer les infrastructures locales

Même dans les zones rurales, des élus commencent à proposer des quotas, des régulations, voire des zones interdites à la location touristique. Mais les démarches sont longues, et les moyens limités.

Un modèle rural à protéger

Pour les habitants, il ne s’agit pas de rejeter le tourisme, ni de fermer le village aux nouveaux venus. Il s’agit plutôt de préserver un équilibre fragile, où les maisons sont habitées, les enfants scolarisés, les commerces ouverts même en novembre.

“Un village, ce n’est pas que des pierres. C’est des gens qui se disent bonjour, qui se croisent au marché, qui s’entraident. Si tout le monde part sauf en juillet, alors ce n’est plus un village,” conclut Monique.

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