Le développeur britannique de propulsion avancée, Reaction Engines, va fermer ses portes après s’être effondré sous administration, faute d’avoir réussi à obtenir un financement supplémentaire.
Sarah O’Toole, Peter Dickens et Edward Williams du cabinet comptable PwC ont été nommés co-administrateurs du cabinet le 31 octobre.
Même si certains employés seront retenus pour honorer les commandes existantes et soutenir les opérations de liquidation, 173 des 208 membres du personnel ont été immédiatement licenciés.
Spin-out de l’Université d’Oxford, Reaction développe depuis 35 ans son moteur-fusée synergétique hypersonique à respiration aérienne (SABRE) pionnier.
Elle prévoyait des applications généralisées pour la technologie SABRE sur les marchés de la défense et du civil, mais avait récemment identifié des utilisations à court terme pour ses échangeurs de chaleur avancés.
Le financement de l’entreprise provenait principalement de subventions et d’augmentations de capitaux propres, auprès d’investisseurs tels que le Fonds de développement stratégique (SDF) des Émirats arabes unis et les sociétés aérospatiales BAE Systems, Boeing et Rolls-Royce.
L’intérêt du SDF – qui nécessitait l’approbation du gouvernement – lui a permis de mener un cycle de financement en 2023 qui a permis de lever un total de 40 millions de livres sterling (47,7 millions de dollars).
BAE Systems a soutenu Reaction en 2015 avec un investissement de 20,6 millions de livres sterling, tandis que Boeing et Rolls-Royce se sont joints à nous dans le cadre d’une augmentation de 26,5 millions de livres sterling en 2018.
PwC affirme que la société avait cherché à lever des fonds supplémentaires mais « malheureusement, ces tentatives ont échoué », ne laissant aux administrateurs d’autre choix que de placer l’entreprise sous administration.
Ses comptes les plus récents, publiés le 17 décembre 2023 mais couvrant la période close le 31 décembre 2022, prévenaient qu’un financement supplémentaire serait nécessaire d’ici juin 2024 « lorsque les réserves de trésorerie seront épuisées ».
Le chiffre d’affaires pour la période s’est élevé à 4,7 millions de livres sterling et Reaction a enregistré une perte d’exploitation de 28,8 millions de livres sterling.
BAE Systems, dont les registres de la société indiquent qu’elle détenait 1,15 million d’actions « B Ordinaires », déclare : « Nous reconnaissons qu’il s’agit d’une période difficile pour tout le monde chez Reaction Engines et nous sommes impatients d’explorer des opportunités d’emploi potentielles qui pourraient intéresser les personnes concernées. »
De son côté, Rolls-Royce – qui détenait 625 000 actions « D Ordinary » – déclare : « Nous sommes attristés que Reaction Engines ait été placé sous administration. Nos premières pensées vont à l’entreprise et à ses employés alors qu’elle traverse cette période difficile.
Aucune des deux sociétés n’a fait de commentaire sur son intérêt financier dans Reaction.
Il est entendu que BAE Systems étudie depuis plusieurs années de multiples voies pour exploiter la technologie de Reaction et reste toujours intéressé par son potentiel.
BAE Systems et Reaction faisaient tous deux partie d’un accord-cadre du ministère britannique de la Défense signé en mai 2024 pour développer une « capacité de frappe hypersonique souveraine ».
Jusqu’à 90 organisations ont été acceptées dans le cadre, leur permettant de soumissionner pour une part d’un total d’un milliard de livres sterling de financement réparti sur huit lots.
Même si Reaction n’avait pas trouvé de client pour sa centrale SABRE, la voie à suivre pour commercialiser ses échangeurs de chaleur semblait être plus claire.
Cranfield Aerospace Solutions (CAeS) – une autre société dans laquelle SDF a réalisé un investissement important – avait choisi la technologie de gestion thermique de Reaction comme « solution privilégiée » pour son groupe motopropulseur à pile à hydrogène Fresson.
Bien que CAeS affirme avoir « déjà reçu suffisamment de soutien, de pièces et d’informations de la part de Reaction Engines » pour équiper son démonstrateur Britten-Norman BN2 Islander, il évalue des alternatives pour la version de production.
« Nous travaillons bien sûr avec d’autres fournisseurs qui proposent des produits d’échangeurs de chaleur avancés qui offriront des alternatives appropriées », indique-t-il.