Un coin secret de nature attire un flot d’étrangers… et la population locale tire la sonnette d’alarme

Il fut un temps où seuls les initiés connaissaient cet endroit. Un écrin de nature niché entre forêts profondes, cascades cristallines et petits villages authentiques.

Aujourd’hui, ce “coin secret” n’a plus rien d’un secret. Grâce aux réseaux sociaux, aux vidéos virales et aux influenceurs en quête de décors “hors du temps”, l’endroit est désormais pris d’assaut par les touristes.

Et les habitants, qui vivaient jusque-là en harmonie avec ce paysage préservé, tirent désormais la sonnette d’alarme.

“Ils arrivent par centaines, chaque week-end”

Ce petit havre situé à la frontière entre nature brute et patrimoine rural est en train de basculer. “Avant, on croisait un ou deux randonneurs par jour. Maintenant, c’est un flot continu de voitures, de drones, de cris…”, témoigne Lucien, 68 ans, habitant du coin depuis toujours.

La route sinueuse menant au site est saturée le samedi dès 9h. Les parkings improvisés débordent sur les chemins agricoles. Certains visiteurs s’aventurent même hors des sentiers balisés, piétinant des zones protégées.

Ils veulent la photo parfaite, mais à quel prix ?” lâche Marie, apicultrice locale. “Ils déplacent les pierres, cueillent les fleurs, entrent dans des propriétés privées…

Les réseaux sociaux ont tout changé

Il y a encore cinq ans, ce lieu ne figurait dans aucun guide touristique. Mais depuis la publication d’une série de vidéos TikTok vantant “la plus belle rivière cachée de France”, les curieux affluent.

Certains blogs de voyage l’ont même surnommé “la petite Amazonie française”. Résultat : une explosion du nombre de visiteurs venus de tout le pays – voire de l’étranger.

Mais cette soudaine célébrité n’est pas sans conséquences.

“Ce lieu était un trésor. Maintenant, on a l’impression d’être envahis. Et personne ne nous a demandé notre avis.”

Une nature en souffrance

Les dégâts sont déjà visibles. Rives érodées, déchets abandonnés, faune perturbée. Des espèces protégées commencent à fuir la zone, selon des naturalistes bénévoles.

Le ruisseau, autrefois limpide, devient trouble à mesure que les baigneurs s’y multiplient. “Ce n’est pas une piscine naturelle, c’est un écosystème fragile”, rappelle une pancarte récemment installée… que certains ignorent totalement.

Et avec les barbecues sauvages en bord de forêt, le risque d’incendie inquiète les pompiers locaux.

Une réponse urgente réclamée

Face à cette situation, les habitants s’organisent. Pétitions, réunions communales, alertes aux élus : ils demandent des mesures de régulation.

Certains souhaitent interdire l’accès en période estivale, d’autres évoquent un système de réservation, comme dans certaines gorges protégées du Sud de la France.

On ne veut pas interdire à tout le monde de venir”, nuance Claire, professeure en congé parental. “Mais on veut que ce soit respectueux, équilibré, vivable.

Où se trouve ce coin menacé ?

Ni les Cévennes, ni le Jura…
Mais la vallée du Toulourenc, dans le Vaucluse, en contrebas du Mont Ventoux.

Longtemps épargnée par le tourisme de masse, elle est aujourd’hui victime de son succès.

Et les habitants l’affirment :

“Si rien ne change, ce joyau de nature disparaîtra sous les pas de ceux qui l’aimaient justement pour son calme.”