Une vieille Renault des années 80 se vend aujourd’hui plus cher qu’une voiture neuve

Qui aurait cru qu’une voiture que plus personne ne regardait dans la rue il y a encore dix ans serait aujourd’hui au centre d’une spéculation inattendue ? Sur les sites de vente entre particuliers et dans certaines ventes aux enchères, une Renault mythique des années 80 se vend désormais à un prix qui dépasse celui de nombreux modèles neufs. Et ce n’est pas un modèle de collection sportive ou de prestige. Non : il s’agit tout simplement… d’une Renault 5.

Compacte, populaire, accessible — elle fut pendant deux décennies la voiture des familles modestes, des étudiants et des jeunes conducteurs. Aujourd’hui, elle devient l’objet d’un engouement presque irrationnel. Que s’est-il passé ?

Une voiture oubliée devenue culte

Longtemps vue comme banale, voire dépassée, la Renault 5 — ou “Supercinq” dans ses dernières versions — fait un retour en force sur le marché des voitures anciennes. Ce modèle, produit entre 1972 et 1996, est désormais très recherché… surtout dans ses versions bien conservées ou restaurées à l’identique.

Sur certaines plateformes, des annonces dépassent les 18 000 € pour une version GTL ou TS avec faible kilométrage. Une version Turbo 2 d’origine peut même grimper à plus de 60 000 €. À titre de comparaison, une Dacia Sandero neuve coûte entre 12 000 et 16 000 €.

“Il y a une vraie nostalgie autour de cette voiture. Elle évoque la liberté, l’enfance, les premières vacances. C’est plus qu’un objet : c’est un souvenir roulant,” explique Florent Lemoine, spécialiste des ventes de voitures vintage chez Artcurial.

Mais la nostalgie ne fait pas tout.

Pourquoi son prix explose aujourd’hui

Plusieurs raisons concrètes expliquent cet engouement soudain — et cette flambée des prix :

  • Les modèles vintage sont à la mode, notamment dans les grandes villes où les collectionneurs misent sur le style plus que sur la puissance.

  • La Renault 5 est éligible à la carte grise collection, ce qui permet certains avantages (contrôle technique plus souple, assurance spécifique, exonération partielle de taxe).

  • La production de la future Renault 5 électrique a relancé l’intérêt pour le modèle d’origine, créant une “vague rétro” dans les médias et les réseaux sociaux.

  • Certains jeunes investisseurs achètent ces voitures comme placement, espérant une plus-value dans 5 à 10 ans.

Ce qui étonne, c’est que la hausse est rapide et visible depuis moins de 24 mois. Il suffit de remonter les annonces archivées : une Renault 5 en bon état s’échangeait autour de 3 000 € en 2019. Aujourd’hui, certains exemplaires doublent ou triplent ce prix sans difficulté.

Une seule liste à retenir : les modèles qui explosent en ce moment

  • Renault 5 GTL (1984–1989) : versions simples, moteurs fiables, souvent bien entretenues

  • Renault 5 Alpine ou Turbo : pour collectionneurs avertis, rares et puissantes

  • Renault Supercinq Baccara : finition luxe, sellerie cuir, détails rétro très prisés

  • Versions d’origine avec moins de 100 000 km : valeur sûre à la revente

  • Modèles repeints ou restaurés dans leur couleur d’époque : effet “madeleine de Proust” assuré

Le paradoxe : une voiture chère, mais fragile

Ironiquement, ces voitures n’ont rien de moderne. Pas d’ABS, pas d’airbags, pas de GPS. La Renault 5 est rustique, bruyante, parfois capricieuse… et pourtant, elle séduit une génération de trentenaires et quadragénaires lassés des véhicules aseptisés.

Certains acheteurs n’hésitent pas à acheter un modèle pour le stocker, le bichonner, et ne rouler qu’occasionnellement avec. D’autres la restaurent eux-mêmes dans leur garage, comme un projet personnel, voire un héritage à transmettre.

“Mon père en avait une. Il m’a appris à conduire dedans. Aujourd’hui, j’en ai retrouvé une identique, couleur champagne, même intérieur tissu rayé. C’est comme si j’avais retrouvé un bout de mon enfance,” raconte Sébastien, 39 ans, nouveau propriétaire d’une Supercinq TL.

Peut-on encore en trouver à prix raisonnable ?

Oui, mais cela devient rare. Les Renault 5 à moins de 5 000 € en bon état partent vite. Il faut fouiller les petites annonces régionales, viser les modèles sans rouille, avec entretien suivi.

Attention aussi à la contrefaçon de pièces ou aux restaurations douteuses. Certains garages n’hésitent pas à repeindre vite fait un vieux modèle pour le revendre au prix fort. Mieux vaut toujours faire expertiser la voiture par un professionnel indépendant avant achat.

Conclusion : investir ou rouler par passion ?

La Renault 5 ne deviendra pas la nouvelle Porsche, ni une Ferrari de collection. Mais elle incarne une époque, une simplicité, un style qui séduit de plus en plus. Que ce soit par nostalgie, par amour du vintage, ou comme placement alternatif, elle redevient une valeur sûre — voire un petit luxe assumé.

Et dans une époque où tout va trop vite, démarrer un vieux moteur à la main, sentir l’odeur du tissu chauffé au soleil, et entendre la portière claquer comme en 1986… c’est peut-être ça, le vrai luxe automobile.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *