Avec ses criques sauvages, ses phares emblématiques et ses petits ports de pêche, la Bretagne a longtemps été considérée comme une alternative tranquille au tourisme de masse du sud de la France.
Mais cet été, dans un coin pourtant discret du Finistère, la situation a basculé : la plage principale est devenue inaccessible, même pour les résidents.
Une affluence record qui surprend tout le monde
La commune de Plougasnou, sur la côte nord du département, n’a jamais connu un tel afflux de visiteurs.
Tout a commencé par une série de publications sur les réseaux sociaux vantant la plage de Saint-Samson, une étendue de sable bordée de falaises, réputée pour sa beauté brute.
“C’est comme si tout le monde avait découvert le coin en même temps. On n’avait jamais vu autant de monde ici. Et ce n’est pas fini”, raconte Anne, restauratrice locale depuis 17 ans.
Résultat : dès 9h du matin, les parkings sont pleins, les routes secondaires saturées, et les habitants… contraints de rester chez eux.
Des habitants exclus de leur propre littoral
Au fil des semaines, le malaise s’est installé. Plusieurs riverains affirment qu’ils ne parviennent même plus à accéder aux plages où ils ont grandi.
Voici les principaux problèmes signalés :
- Accès bloqué par des voitures mal garées sur les chemins menant au littoral
- Temps d’attente de plus d’une heure pour trouver une place de stationnement
- Incivilités sur les sentiers côtiers et dans les zones de baignade
- Occupation prolongée des plages par des groupes laissant déchets et bruits derrière eux
“Je dois faire 5 km à pied pour me baigner là où j’allais en tongs. On ne reconnaît plus l’endroit”, déplore Alain, retraité du village.
La mairie tente de reprendre le contrôle
Face à cette situation inédite, la mairie a dû agir en urgence :
- Création d’une zone bleue avec disque obligatoire, y compris pour les locaux
- Mise en place de navettes gratuites depuis l’extérieur du bourg
- Renforcement de la présence des agents municipaux sur les parkings et accès
Mais selon certains habitants, ces mesures restent insuffisantes.
“On est en train de perdre ce qui faisait le charme de ce coin : la simplicité, l’espace, la nature,” regrette Élise, habitante à l’année.
Ce n’est pas un cas isolé en Bretagne
La situation vécue à Plougasnou est loin d’être unique. Plusieurs communes bretonnes sont confrontées à une surfréquentation estivale inattendue.
Voici un tableau comparatif de quelques zones touchées :
| Commune | Département | Plage concernée | Symptômes observés | Mesures prises |
|---|---|---|---|---|
| Plougasnou | Finistère | Saint-Samson | Parking saturé, accès bloqué | Navettes, zone bleue |
| Névez | Finistère Sud | Tahiti | Surtourisme, nuisances sonores | Limitation des locations |
| Erdeven | Morbihan | Plage de Kerminihy | Surfréquentation, erosion accélérée | Fermeture partielle |
| Saint-Briac-sur-Mer | Ille-et-Vilaine | Plage du Béchet | Afflux massif, riverains excédés | Sensibilisation, vigiles |
La pression touristique s’étend maintenant aux coins les plus reculés, jusque-là perçus comme préservés.
Vers une nouvelle approche du tourisme côtier ?
Le paradoxe est frappant : des vacanciers à la recherche d’authenticité finissent par contribuer à sa disparition.
Les collectivités bretonnes commencent à réfléchir à des solutions durables, parmi lesquelles :
- Des quotas journaliers d’accès à certaines plages
- Un pass plage réservé aux résidents en haute saison
- Des campagnes de sensibilisation ciblées sur les réseaux sociaux
- Une meilleure répartition des flux touristiques sur l’ensemble du littoral
“On ne veut pas devenir un deuxième Étretat. Il faut anticiper, pas subir,” alerte un élu du Finistère.
