La Chine revient à Paris – mais dans des circonstances très différentes

Le stand AVIC du salon du Bourget présente une série de programmes chinois – sauf un.

Parmi les programmes d’avions civils, la société aérospatiale chinoise a présenté des modèles de son avion amphibie AG600, l’avion utilitaire Harbin Y-12, ainsi que le turbopropulseur MA60.

Il manquait visiblement un modèle du turbopropulseur MA700 en développement dont le sort reste inconnu à la suite du refus d’Ottawa en 2020 d’accorder une licence d’exportation à Pratt & Whitney Canada pour son moteur PW150C. Le programme, après un lancement très médiatisé au salon aéronautique de Zhuhai en 2013, avait été un pilier des salons aéronautiques précédents auxquels AVIC participe, de sorte que l’absence de son modèle soulève des questions sur le programme.

Sur le stand de son compatriote Comac, des modèles de ses deux programmes phares – le jet régional ARJ21 et le fuselage étroit C919 – étaient exposés. Un panneau d’affichage d’accompagnement met en évidence les détails de l’avion gros porteur à longue portée en développement – anciennement connu sous le nom de CR929 sino-russe – mais maintenant nommé « Comac Widebody ».

Quatre ans après leur dernière sortie parisienne, les entreprises aérospatiales chinoises reviennent désormais au salon dans un environnement géopolitique et économique radicalement différent.

D’une part, leur apparition à Paris survient au milieu de tensions latentes avec l’Occident et d’une plus grande poussée pour développer une industrie aérospatiale locale. La Russie, un proche allié qui avait une présence significative au salon, était également absente, en raison des sanctions liées à son invasion de l’Ukraine.

Dans ce contexte, il est facile de comprendre pourquoi les entreprises aérospatiales chinoises étaient plus que désireuses de faire profil bas à Paris.

Interrogés sur les perspectives de ses programmes long-courriers, ainsi que sur les tensions commerciales en cours, les représentants de Comac se sont contentés de déclarer que la société préférait se concentrer sur les programmes en service, l’ARJ21 et le C919, et ont déclaré que la société ne serait pas annonçant toute nouvelle commande au salon de Paris.

Il a également refusé de commenter les tensions géopolitiques. Comac s’appuie fortement sur les technologies occidentales. Le C919, par exemple, est équipé de moteurs CFM International Leap-1C et regorge de systèmes occidentaux. Pour Comac, la relation de plus en plus tendue de Pékin avec l’Occident est une menace bien trop réelle.

Stand Comac

Comac a déclaré qu’il avait l’intention « d’entreprendre des activités ciblées de promotion du marché… et de nouer des liens avec des clients potentiels », dans un communiqué séparé publié lors du salon.

Certes, Paris n’est pas Zhuhai : on aurait du mal à trouver une annonce de commande en titre de Comac – ou même d’opérateurs chinois – lors des prochains salons parisiens.

Le contraste est encore plus frappant si l’on considère qu’une grande partie des principales commandes commerciales annoncées au salon de l’aéronautique de Paris de cette année provenaient de transporteurs indiens, ce qui sous-tend l’importance croissante du marché indien.

En effet, il pourrait être plus tôt que prévu que les entreprises aérospatiales chinoises se retirent discrètement des grands salons occidentaux, choisissant plutôt de se concentrer sur des salons locaux ou régionaux.

C’est un clin d’œil à la perspective de plus en plus introvertie de Pékin, mais cela montre également que, tout comme les entreprises aérospatiales occidentales réévaluent leurs relations avec la Chine, les entreprises aérospatiales chinoises repensent également leur engagement avec l’Occident.

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