Un groupe de réflexion prévient que le manque d’abris renforcés pour avions dans les bases américaines en Asie-Pacifique et au-delà pourrait être un désavantage dans un conflit contre la Chine.
Alors que Pékin a plus que doublé son nombre total d’abris renforcés et d’abris non renforcés au cours de la dernière décennie, lui permettant ainsi de « loger et cacher » la plupart de ses avions de combat, les États-Unis ont très peu fait pour augmenter leur nombre d’abris, affirme l’Hudson. Institute dans un rapport intitulé « Concrete Sky ».
Les auteurs du rapport, Thomas Shugart et Timothy Walton, affirment que Pékin a construit des abris en partant du principe qu’en cas de conflit, ses avions seraient attaqués au sol.
Les États-Unis se sont toutefois montrés quelque peu blasés quant au renforcement des bases dans des pays comme Guam, le Japon et les Philippines. Ceci malgré les investissements massifs de la Chine dans les missiles et les avions d’attaque. Dès les premiers jours de tout conflit, il va de soi que la Chine déploiera une puissance de feu massive contre les bases aériennes américaines, cherchant à neutraliser la puissance aérienne américaine au sol.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Pendant la guerre froide et le conflit vietnamien, les États-Unis ont compris la nécessité de protéger les avions, mais ont tiré les mauvaises leçons de la guerre du Golfe contre l’Irak en 1991. Autorisée à rassembler ses forces sans être inquiétées avant de frapper, la puissance aérienne américaine a réussi à neutraliser l’armée de l’air irakienne malgré l’utilisation massive d’abris par Bagdad.
L’Hudson Institute propose une autre interprétation : « Une interprétation alternative de la campagne aérienne en Irak pourrait montrer comment, malgré une supériorité aérienne quasi totale, l’emploi de plus de 2 780 avions à voilure fixe, l’absence de frappes irakiennes réussies contre les aérodromes alliés et cinq semaines de Lors des frappes alliées contre des cibles irakiennes, les États-Unis et leurs alliés n’ont détruit que 63 pour cent des abris aériens renforcés de l’Irak.»
Un ennemi doté de défenses aériennes supérieures et capable de contester les opérations de l’US Air Force – par exemple la Chine – serait bien mieux à même de soutenir ses opérations.
Le rapport observe que lors de la guerre israélo-arabe de 1967, l’armée de l’air israélienne a réussi à détruire l’armée de l’air égyptienne au sol dans des bases légèrement protégées.
Les années suivantes ont vu l’Égypte et la Syrie investir massivement dans des abris antiaériens renforcés, tout en déployant également des missiles sol-air et une meilleure artillerie antiaérienne. Cela a contribué à réduire l’efficacité de la puissance aérienne israélienne : pendant la guerre du Yom Kippour en 1967, l’armée de l’air israélienne n’a détruit que 22 avions arabes au sol.
« Les Israéliens ont eu recours à des attaques au sol », peut-on lire dans le rapport. « Cependant, l’armée de l’air israélienne a observé que, dans certains cas, leurs adversaires étaient capables d’effectuer des réparations et de générer des sorties de combat moins d’une heure après une frappe sur la piste. »
Le rapport observe également que les États-Unis sont quelque peu à l’écart dans leur position sur le renforcement des bases aériennes : outre la Chine, Israël, la Russie et l’Ukraine ont tous investi massivement dans le renforcement des bases aériennes.
Le rapport propose plusieurs recommandations. Il s’agit notamment de renforcer la capacité de l’armée américaine à frapper la puissance aérienne chinoise au sol. Cela obligera Pékin à investir encore davantage dans des mesures défensives – et peut-être à consacrer moins de ressources aux capacités de projection de puissance.
Il suggère également de renforcer considérablement les bases aériennes américaines aux États-Unis, dans l’Indo-Pacifique et dans d’autres régions, et d’accélérer le déploiement d’avions à long rayon d’action tels que le Northrop Grumman B-21, qui sont moins susceptibles d’être heurtés au sol.
« Les aérodromes américains sont confrontés à une grave menace d’attaque », indique le rapport. « L’approche actuelle (du ministère de la Défense) consistant à ignorer largement cette menace invite à l’agression de la RPC (République populaire de Chine) et risque de perdre une guerre. La mise en œuvre d’une campagne urgente et efficace visant à renforcer la résilience des opérations aériennes américaines nécessitera des décisions éclairées et un financement durable.