Les coûts élevés, les ralentissements de la production et les retards de livraison du fuselage du 737 ont conduit le producteur de structures aéronautiques Spirit AeroSystems à une perte de 415 millions de dollars au deuxième trimestre 2024.
Les résultats, dévoilés par la société de Wichita le 5 août, marquent un autre trimestre difficile pour Spirit, qui a été aux prises avec des problèmes de qualité de production très médiatisés, notamment liés à son travail sur le 737.
De manière plus générale, les activités de Spirit se sont révélées extrêmement vulnérables aux coûts d’approvisionnement élevés et aux taux de production et de livraison plus lents que prévu. Bon nombre de ses programmes Airbus et Boeing se sont révélés très peu rentables dans un contexte de ralentissement économique pour l’entreprise et l’ensemble du secteur.
« Les événements survenus au premier semestre 2024 ont entraîné des réductions significatives des revenus et des flux de trésorerie prévus cette année », explique Spirit. « Ces événements récents comprennent les changements apportés aux processus de production et de livraison par Boeing, les taux de production du 737 inférieurs aux prévisions et l’absence d’augmentation des prix sur les programmes Airbus. »
La société affirme avoir cessé d’organiser des conférences téléphoniques pour discuter de ses résultats trimestriels en raison de son acquisition imminente par Boeing.
La perte de 415 millions de dollars de Spirit au deuxième trimestre est à comparer à une perte de 206 millions de dollars pour la même période l’année dernière. Les coûts d’exploitation de la société au deuxième trimestre ont bondi de 23 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 1,8 milliard de dollars, tandis que son chiffre d’affaires a augmenté de 9 % en un an pour atteindre 1,5 milliard de dollars.
Au cours du trimestre, Spirit n’a livré que 27 fuselages de 737 à Boeing, soit moins de la moitié des 74 livrés au deuxième trimestre 2023. Ce chiffre a chuté de façon spectaculaire car en mars, Boeing a mis un frein aux livraisons de Spirit. Boeing procède désormais à des inspections approfondies des fuselages terminés à Wichita pour empêcher Spirit d’expédier ceux qui présentent des défauts importants.
Boeing a pris cette mesure à la suite de l’explosion en vol en janvier dernier du bouchon de la porte centrale de la cabine d’un 737 Max 9 d’Alaska Airlines. Le bouchon s’est brisé après que Boeing, lors de l’assemblage, l’a retiré pour remédier à des défauts du fuselage. Les employés de Boeing ont ensuite remplacé le bouchon mais n’ont pas réussi à le fixer.
« Les livraisons de Spirit continuent d’être retardées alors que les entreprises travaillent ensemble pour optimiser le processus », explique Spirit.
Les livraisons étant suspendues, Spirit a continué de produire des fuselages de 737 à un rythme de 31 par mois au cours du dernier trimestre, ce qui signifie qu’elle a rapidement accumulé un vaste stock de fuselages. Spirit tire près de la moitié de ses revenus du programme 737.
La perte de Spirit au deuxième trimestre est en grande partie imputable à des charges de 312 millions de dollars prises au cours de la période sur plusieurs programmes. La compagnie a enregistré des pertes prévisionnelles de 25 millions de dollars sur la production de composants de l’Airbus A220 et de 173 millions de dollars sur les travaux du 787, invoquant des « coûts de chaîne d’approvisionnement » et, en particulier pour le 787, des « changements de calendrier ».
Spirit a également enregistré une charge de 28 millions de dollars sur son programme 737 en raison de retards de livraison et de production, et une charge de 19 millions de dollars sur ses travaux sur le 777.
De plus, Spirit a enregistré 46 millions de dollars de coûts de surcapacité au deuxième trimestre.
Les dirigeants de Spirit cherchent désormais à obtenir davantage de liquidités après que la société a terminé le trimestre avec des liquidités et des équivalents de trésorerie évalués à 206 millions de dollars, contre 824 millions de dollars fin 2023.
« La direction a élaboré des plans pour poursuivre diverses options afin d’améliorer la liquidité selon les besoins et s’attend à ce que ces plans améliorent suffisamment la liquidité de l’entreprise », a déclaré Spirit, ajoutant qu’elle avait la capacité de tirer des fonds d’un nouvel accord de crédit.
Boeing a conclu le 30 juin un accord avec Spirit pour acquérir cette société pour 4,7 milliards de dollars dans le cadre d’une transaction en actions. L’avionneur américain considère cette acquisition comme un moyen de stabiliser son principal fournisseur. Boeing était auparavant propriétaire de Spirit jusqu’à sa scission en 2005.
Le 30 juin également, Airbus a annoncé avoir accepté d’acquérir les activités de Spirit liées à Airbus, ce qui permettrait à Boeing de finaliser son acquisition.
