Le cabinet de conseil Bain & Company s’interroge sur la capacité de l’aviation commerciale à atteindre le « zéro net » d’émissions de carbone d’ici 2050.
Il estime que de meilleurs moteurs, une meilleure efficacité des avions et l’utilisation de carburant d’aviation durable (SAF) aideront les compagnies aériennes à réduire « jusqu’à 70% » des émissions d’ici 2050, selon un nouveau mémoire.
D’autres technologies de pointe, à savoir l’hydrogène et les batteries, ne mûriront pas assez vite pour contribuer beaucoup à l’objectif de 2050. De plus, les premiers avions à hydrogène et entièrement électriques « se heurteront à d’importants obstacles économiques et technologiques », indique-t-il.
L’objectif net zéro est également remis en question par la croissance du transport aérien qui dépasse la croissance du produit intérieur brut. D’ici 2026, Bain prévoit que les compagnies aériennes augmenteront le prix des billets pour financer leur transition vers le net zéro, ce qui pourrait nuire à la demande.
« Alors que le trafic aérien continue de croître, les compagnies aériennes subissent une pression croissante pour réduire les émissions au service de leurs objectifs de zéro net de 2050 », déclare Jim Harris de la pratique Aerospace, Defence & Government Services de Bain.
« Malheureusement, il est peu probable que de nombreuses technologies dont l’industrie a besoin pour décarboner fonctionnent à grande échelle d’ici 2050. Les principales compagnies aériennes développeront une stratégie pour garantir un approvisionnement abordable en carburant d’aviation durable, atténuer la hausse des coûts d’exploitation et gérer les impacts de baisse de la demande en raison de la hausse des prix.
Quant au SAF, Bain estime que même en 2050, il sera « deux à quatre fois » plus cher que le carburéacteur ordinaire. Cela se combinera avec des frais de maintenance élevés pour augmenter les coûts globaux des compagnies aériennes jusqu’à 18 % d’ici 2050.
Il remet également en question la valeur des compensations carbone et observe les questions qui entourent les méthodes de comptabilisation des compensations.
Bain, prévoyant une «décennie perturbatrice à venir», estime que les compagnies aériennes peuvent prendre plusieurs mesures pour se préparer à des temps plus difficiles sur le front des émissions. Il s’agit notamment de sécuriser un approvisionnement en SAF, de se concentrer sur le renouvellement de la flotte dans un souci de décarbonation et de s’efforcer d’atténuer la hausse des coûts d’exploitation. Sur le plan des coûts, il suggère d’augmenter la densité des cabines, d’ajuster l’utilisation de la flotte et le nombre de sièges et de revoir les réseaux.