Les mesures controversées visant à interdire l’utilisation des Boeing 777 cargos à l’aéroport de Bruxelles ont été suspendues dans l’attente d’une nouvelle concertation, selon le ministre sortant de la Mobilité qui a initié la procédure.
Par instruction ministérielle du 17 juin, Georges Gilkinet retire à DHL l’autorisation de faire voler des 777 cargo de nuit au départ de Bruxelles.
La justification repose sur la restriction des opérations des avions dépassant certains niveaux de quotas de bruit.
Mais cette démarche a suscité de fortes objections et a conduit à une intervention – par le biais d’une procédure de conflit d’intérêts – du gouvernement flamand.
Gilkinet a assisté le 27 août à une séance de la commission parlementaire de mobilité au cours de laquelle il a dû faire face à des remarques critiques, notamment de la part de représentants flamands, sur les raisons de cette décision.
Bert Wollants, membre du parti nationaliste flamand N-VA, a remis en question les motivations de Gilkinet, déclarant que cette décision était « bizarre » étant donné que le 777F est « l’un des avions cargo les plus modernes en activité » et qu’une interdiction entraînerait son remplacement par des modèles plus petits, plus anciens et plus bruyants.
Son collègue N-VA Theo Francken a accusé Gilkinet d’avoir donné un « coup de pied venimeux » à ses partenaires du gouvernement flamand après son échec à se faire réélire.
« Vous avez été achevés politiquement, mais vous avez décidé d’achever l’économie du Brabant flamand », a-t-il ajouté.
Britt Huybrechts, du parti VB, allié des Flandres, a déclaré à Gilkinet que prendre une telle décision en tant que ministre sortant, « sans considérer son impact sur l’emploi et la prospérité flamande », était « incompréhensible ».
Gilkinet a défendu sa décision devant la séance, insistant sur le fait qu’il s’agissait d’un problème de santé publique et que les vols de nuit effectués par de gros avions cargo se faisaient « au détriment de la qualité de vie des résidents locaux ».
Il affirme que laisser l’avion voler est « illégal » et que la situation « devait être corrigée » par le gouvernement belge, qui avait « l’obligation légale » de « mettre un terme » au problème.
Gilkinet a déclaré qu’au cours des trois dernières années, des réunions ont eu lieu avec DHL mais qu’aucune solution satisfaisante n’a été trouvée.
« L’aéroport de Bruxelles ne doit pas devenir le dépotoir de bruit de l’Europe », a-t-il ajouté.
Mais Gilkinet a également reconnu les objections à la mesure, en particulier la procédure de conflit d’intérêts du gouvernement flamand, et que l’application de son instruction d’interdire le 777 est « actuellement suspendue » afin de permettre une consultation plus approfondie.
« Cela signifie également que les questions soulevées par ce dossier restent à résoudre », a-t-il ajouté.