Les proches de six membres des Forces armées canadiennes tués dans un accident d’hélicoptère en 2020 poursuivent l’avionneur Sikorsky, alléguant qu’une faille dans le système de commande de vol électrique du CH-148 Cyclone a causé l’incident.
La poursuite, déposée devant un tribunal fédéral américain le 10 juillet, allègue que le système de contrôle de vol électronique (EFCS) du CH-148 a annulé les commandes du pilote, plongeant l’hélicoptère de l’Aviation royale canadienne (ARC) dans la mer Ionienne à grande vitesse.
Le dossier du tribunal civil indique que l’EFCS – également connu sous le nom de directeur de vol – a été engagé pour maintenir la vitesse anémométrique, en sauvegardant la saisie manuelle.
« Alors que les pilotes effectuaient une manœuvre multi-axes à basse altitude à l’aide de pédales manuelles et d’entrées cycliques, l’EFCS du CH-148 a pris le contrôle des pilotes et a piqué le nez de l’hélicoptère, accélérant vers l’eau », allègue le procès. « L’EFCS a complètement annulé les tentatives des pilotes d’arrêter la descente. »
L’incident de 2020 s’est produit à 77 nm (142 km) au large des côtes grecques dans la mer Ionienne. Une enquête d’Ottawa a confirmé que le directeur de vol du CH-148 était chargé de maintenir l’altitude et la vitesse au moment de l’accident.
L’examen des données de vol récupérées après l’accident a conduit les enquêteurs à exclure une défaillance mécanique.
« Pendant le virage de manœuvre complexe pour s’aligner avec le navire, les commandes du pilote étaient très différentes des réglages du pilote automatique et l’avion n’a pas répondu de la manière à laquelle l’équipage s’attendait », a conclu le ministère de la Défense nationale du Canada.
L’équipe d’enquête a décrit l’erreur comme une « anomalie rare seulement » qui s’est produite « dans un ensemble très spécifique et étroit de circonstances… L’équipage n’aurait eu aucune exposition ou expérience antérieure sur la façon de gérer cette situation ».
Les sous-lieutenants Matthew Pyke et Abbigail Cowbrough de la Marine royale canadienne, ainsi que le caporal-chef Matthew Cousins, le capitaine Kevin Hagen, le capitaine Maxime Miron-Morin et le capitaine Brenden Ian MacDonald de l’ARC, sont décédés.
Leurs familles poursuivent Sikorsky et une autre filiale de Lockheed, Helicopter Support, pour des dommages financiers liés aux décès en vertu de la loi américaine Death on the High Seas Act (DOHSA). Chacun des six plaignants – un représentant chacun des militaires canadiens tués – demande «un montant supérieur à 75 000 $… que le tribunal juge juste».
La loi de 2006 permet aux conjoints, enfants, parents et personnes à charge légales des personnes tuées par « acte répréhensible, négligence ou défaut », à plus de 3 milles marins des côtes américaines, d’intenter des actions civiles contre la « personne ou le navire responsable ».
Les familles ont intenté une action en justice devant le tribunal de district américain du district oriental de Pennsylvanie, à Philadelphie. Sikorsky a son siège social dans le Connecticut, mais le procès note que le fabricant d’hélicoptères identifie son usine de Coatesville, en Pennsylvanie, comme « la maison du CH-148 ».
Sur ce site, Sikorsky « a assemblé, mis à niveau et effectué les derniers tests d’acceptation en vol sur l’hélicoptère CH-148 de l’incident », affirment les documents juridiques.
Notamment, les familles n’allèguent pas que l’EFCS a mal fonctionné ou est mécaniquement tombé en panne. Au lieu de cela, la combinaison fait valoir un défaut dans la conception du système fly-by-wire « a entraîné à plusieurs reprises et systématiquement un accident mortel » dans des conditions de test similaires à celles rencontrées lors de l’incident de 2020.
« Au moment de l’incident, l’EFCS de Sikorsky fonctionnait exactement comme Sikorsky l’avait conçu », affirme le procès.
Sikorsky n’a pas répondu à une demande de commentaire. Le CH-148 est un dérivé militaire du S-92 de Sikorsky, un hélicoptère bimoteur de transport moyen largement utilisé dans l’industrie pétrolière et gazière.
Séparément, en 2021, l’ARC a trouvé des fissures dans la section arrière de 21 des 23 CH-148. Il a été déterminé que le problème était causé par une charge structurelle en vol sur les mesures de support électroniques et les supports d’antenne de communication par satellite.