Le syndicat accuse Air Canada et Jazz de ne pas honorer les accords de « flux de pilotes »

Le syndicat représentant les pilotes de Jazz Aviation a accusé la compagnie aérienne régionale canadienne – ainsi que son partenaire principal Air Canada – de s’être livrées à des pratiques de travail déloyales lors des récentes négociations contractuelles.

Le principal syndicat de pilotes Air Line Pilots Association, International (ALPA) a déclaré le 28 août avoir déposé une plainte auprès du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) après avoir conclu un accord avec Jazz visant à modifier sa convention collective existante.

ALPA soutient que « la direction d’Air Canada et de Jazz Aviation a violé plusieurs articles du Code canadien du travail en refusant de se conformer aux accords de « flux » de pilotes contractuels de Jazz à Air Canada, respectant l’exclusivité de Jazz dans le secteur régional ».

Le différend découle de l’accord de cinq ans entre Air Canada et PAL Airlines, aux termes duquel l’opérateur régional fera voler jusqu’à six De Havilland Canada Dash 8-400 le long de la côte atlantique du pays pour le compte d’Air Canada.

« Les problèmes de disponibilité des pilotes de Jazz et notre désir de continuer à desservir certaines communautés » ont poussé Air Canada à demander un « transport provisoire » par l’intermédiaire de PAL, a déclaré le transporteur.

« Jazz et Air Canada ont augmenté la capacité de leur réseau au prix de violations des conventions collectives », déclare Claude Buraglia, président de la section Jazz de l’ALPA. « Nous comprenons que les compagnies aériennes canadiennes ont du mal à attirer suffisamment de pilotes pour répondre à la demande et subissent une immense pression pour y parvenir. Les travailleurs, en particulier les pilotes, constituent un élément important de la solution.

Chorus Aviation, société mère de Jazz, n’a pas commenté les négociations.

Air Canada examine actuellement le dossier d’ALPA et a l’intention de « représenter nos intérêts de manière appropriée devant le Conseil canadien des relations industrielles », affirme-t-elle, refusant de commenter le bien-fondé de l’affaire.

Le transporteur basé à Montréal ajoute que sa relation avec Jazz est « déterminante » dans sa capacité à relier les communautés partout au Canada.

« L’accord complémentaire constitue un différenciateur clé pour Air Canada et pour Jazz », affirme la compagnie aérienne. « Cela permet à Jazz d’attirer des pilotes, compte tenu du solide cheminement de carrière offert aux pilotes qui se joignent à Jazz, et cela permet un flux constant vers Air Canada de pilotes qui connaissent ses procédures d’exploitation normalisées et sa marque.

L’accord récemment ratifié entre Jazz et ses pilotes « fournira à notre partenaire plus d’outils dans un environnement où nous avons été limités par la disponibilité de pilotes régionaux », affirme Air Canada.

À compter du 1er septembre, l’accord modifié – qui n’aura pas d’impact financier sur Chorus – « reconnaît l’évolution de l’environnement salarial des pilotes et offre à Jazz des options améliorées de recrutement et de formation », a déclaré Randolph deGooyer, président de Jazz. « Grâce à cet accord modifié, nous avons montré un engagement commun à relever les défis de l’industrie de manière collaborative. »

« Jazz a une excellente réputation en matière de recherche de solutions et de bonne collaboration avec ses syndicats », ajoute Colin Copp, directeur général de Chorus. « Ces changements positionneront Jazz davantage comme le principal exploitant régional au Canada. »

ALPA affirme que l’accord a été ratifié sans « le soutien massif » des pilotes de Jazz et qu’« il reste encore des questions fondamentales sous-jacentes qui n’ont pas été abordées dans les négociations ».

La plainte du syndicat demande une ordonnance pour « Jazz, ainsi qu’Air Canada, (de) cesser de violer le Code canadien du travail ». Il demande également au CCRI d’ordonner à toutes les parties d’honorer les engagements pris lors des négociations collectives.

« Les pilotes de Jazz restent déterminés à aider Air Canada à bâtir un réseau plus solide et plus viable », a déclaré Buraglia. « Cependant, cela doit également être fait d’une manière qui respecte et fait respecter les conventions collectives en vigueur. »

Chorus a déclaré un bénéfice de 20,3 millions de dollars canadiens (15,2 millions de dollars) au deuxième trimestre, bénéficiant des revenus de location d’avions, des taux de change, des ventes de pièces, des activités MRO et des vols sous contrat.

Outre Jazz, Chorus possède la compagnie aérienne régionale canadienne Voyageur Airways, ainsi que le loueur d’avions Falko Regional Aircraft.

A lire également