Tic, tic, tic. À chaque seconde qui passe, le coût de la grève des machinistes pour Boeing augmente de quelques centaines de dollars.
En une minute, le chiffre grimpe à près de 35 000 dollars, puis à 2,1 millions de dollars toutes les heures, et au bout de 24 heures, 50 millions de dollars s’envolent, selon les estimations de JP Morgan. Certains rapports estiment l’impact quotidien à deux fois ce chiffre.
Nous ne connaîtrons peut-être jamais le montant exact, mais ce qui est clair, c’est que Boeing – en particulier la version 2024, en proie à la crise – ne peut pas supporter des pertes d’une telle ampleur pendant longtemps.
L’avionneur est déjà passé en mode économie de trésorerie : report des livraisons des fournisseurs, réduction de toutes les dépenses non essentielles et menace de congés temporaires pour le personnel.
Même si ces mesures devraient permettre de gagner du temps, elles ne permettront pas d’atténuer totalement l’impact des lignes de production à l’arrêt, qui se traduisent en fin de compte par l’absence de livraisons et l’absence de revenus.
Boeing – dans ce domaine comme dans d’autres, comme l’externalisation de la chaîne d’approvisionnement – paie pour les échecs du passé.
La dernière fois qu’elle a conclu un accord salarial avec le syndicat des machinistes, c’était en 2008 – un accord qui a été prolongé en 2011, puis à nouveau en 2014.
Mais cette dernière série de négociations irrite toujours les membres de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (IAM), qui se sont sentis coincés par les menaces de Boeing de déplacer la production hors de la région de Puget Sound s’ils n’acceptaient pas ses conditions.
C’est pourquoi les membres du syndicat ont considéré la proposition de Boeing – qui comprenait des conditions apparemment favorables telles qu’une augmentation de salaire de 25 % sur quatre ans, ainsi qu’un engagement à construire son prochain avion dans l’État de Washington – comme déraisonnable.
Ils estiment que la dernière décennie a été marquée par une stagnation des salaires, une augmentation des coûts de santé et une sécurité de l’emploi limitée, voire inexistante. Le nouvel accord salarial doit, selon eux, rattraper le retard.
Il n’est donc pas surprenant que près de 95 % des membres du syndicat aient rejeté l’offre, malgré la recommandation de la direction de l’IAM de l’accepter.
La direction de Boeing a appelé les travailleurs à « ne pas sacrifier l’opportunité d’assurer notre avenir ensemble à cause des frustrations du passé », mais elle semble mal interpréter la situation.
Les négociations ont repris, avec l’aide du Service fédéral de médiation et de conciliation. Mais les premiers signes n’étaient pas encourageants : après une première journée, l’IAM a exprimé sa frustration face au manque de volonté et de préparation de Boeing à avancer sur les questions clés que sont les salaires et les retraites.
La question est désormais de savoir qui clignera des yeux en premier. Aucune des deux parties ne souhaite une grève prolongée, mais le syndicat sent que cette fois, le temps – et la situation financière de Boeing – jouent en sa faveur.
Tic, tic, tic.