L'enquête signale des risques de vol à la demande alors que le PA-46 atterrit après plusieurs approches

Les enquêteurs français souhaitent une réglementation plus stricte pour garantir la sécurité des passagers qui paient pour des vols à la demande en dehors des opérations de transport aérien commercial.

L’autorité d’enquête BEA appelle l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne à agir après qu’un Piper PA-46 ait décroché et atterri durement, endommageant gravement l’avion, lors d’une quatrième tentative d’atterrissage sur l’aérodrome d’Amiens Glisy.

Le PA-46 (N9190X) était piloté par un seul pilote, avec quatre passagers – l’un d’eux étant le propriétaire de l’avion et trois autres qui avaient payé une réservation de vol sur une plateforme ouverte spécialisée dans la mise en relation des clients avec les avions et les pilotes disponibles.

Le BEA affirme que les passagers avaient « assimilé » le vol – d’Epinal-Mirecourt à Amiens le 14 septembre 2022 – à une desserte assurée par des transports publics de passagers.

« Les passagers n’avaient aucune connaissance de la différence de niveau de sécurité entre un vol pour compte propre et un vol effectué par un exploitant aérien titulaire d’un certificat d’exploitant aérien », précise-t-on.

Il souligne également que le pilote était âgé de plus de 60 ans et ne pouvait pas effectuer un vol de transport public seul.

Des conditions orageuses aux environs d’Amiens, notamment de fortes averses, ont incité le pilote à interrompre la première approche, après avoir aperçu la piste seulement après en avoir survolé la moitié.

Il tente alors deux approches visuelles, perdant à plusieurs reprises les références extérieures. L’avion a survolé Amiens à moins de 1 000 pieds sans respecter les procédures aux instruments ou visuelles publiées.

Lors de la troisième approche, les passagers « montraient leur irritation », précise l’enquête. « L’un des passagers… s’est levé et est allé dire au pilote qu’il s’éloignait de la piste tout en lui montrant (la trajectoire sur) son téléphone », ajoute-t-on.

Le pilote a observé les feux indicateurs de trajectoire d’approche de précision lors de la quatrième approche, mais croyait qu’ils étaient installés du côté gauche – plutôt que droit – de la piste 30.

Cela signifiait que le PA-46 était mal aligné et, à faible hauteur, le pilote a vu la piste à sa gauche et a tenté de corriger le décalage. L’avion a décroché et a atterri durement, subissant des dommages à son train d’atterrissage, un flambage du revêtement de l’aile et des fissures dans les racines des ailes.

Aucun des cinq occupants n’a été grièvement blessé.

PA-46 dommage Amiens-c-BEA

Le BEA précise que le pilote avait initialement prévu une approche RNP 30, mais ignorait qu’il n’y avait pas d’agent du service d’information de vol d’aérodrome à Amiens et n’a pas respecté l’obligation réglementaire d’effectuer un circuit de reconnaissance.

L’enquête a également révélé que l’altitude minimale choisie par le pilote correspondait à une approche avec un guidage vertical spécifique qui ne pouvait être réalisée avec l’équipement avionique de l’avion.

Le BEA affirme que le pilote a néanmoins effectué une approche « basée sur une coopération improvisée de l’équipage », le propriétaire de l’avion suivant la trajectoire de vol sur sa tablette portable et faisant des appels de cap au pilote – bien qu’il n’ait ni les qualifications, ni l’expérience et formation, pour accomplir une telle tâche.

Le manque de connaissance des conditions d’exploitation à Amiens – notamment l’absence de l’agent AFIS, mis en cause par NOTAM, et la position des feux d’approche de précision – témoigne d’une « préparation inadéquate » du vol, indique l’enquête. Le pilote a également indiqué qu’il ne comprenait pas les capacités de navigation de l’avion.

Le BEA affirme qu’il y a eu un « développement significatif » de plates-formes permettant aux passagers d’être mis en relation avec des fournisseurs d’avions et des pilotes, sous diverses formes, dans un contexte « d’absence » de réglementation européenne définissant clairement les rôles et responsabilités des différentes parties.

Elle recommande que l’AESA établisse des exigences réglementaires pour garantir la sécurité des passagers utilisant des vols à la demande contre rémunération en dehors du transport aérien commercial.

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